Prestations écologiques requises (PER)

Question 1: L’agriculture suisse est régie par des ordonnances et de nombreuses règles. Que connaissez-vous des règles PER (pour Prestations Ecologiques Requises)?
Réponse: En Suisse, pour avoir droit aux paiements directs, chaque chef d’exploitation doit notamment justifier d’une formation agricole, mais aussi, et surtout, respecter les règles PER (Prestations écologiques requises). Celles-ci, qui sont entrées en vigueur dans les années 1990, se déclinent en plusieurs chapitres: administratif, assolement et nombre de cultures, protection du sol sur terres ouvertes, fumure, protection phytosanitaire et promotion de la biodiversité. Concernant ce dernier point, nous avons déjà abordé les SPB (surfaces de promotion de la biodiversité) dans une série de question-réponse précédente. Pour rappel et en très bref, chaque agriculteur doit avoir minimum 7% de sa surface en SPB (3,5% pour les cultures spéciales). En suisse, le total de SPB dépasse le double du minimum exigé.
A ces règles PER s’ajoutent celles liées aux modes de culture (biodynamie, bio, extenso, IP, conventionnel…), aux lois (protection des eaux, de l’air, des animaux…), aux programmes aussi divers que nombreux, etc.

Question 2: Combien de cultures minimum doit mettre en place chaque exploitation PER et pourquoi?
Réponse: En cultivant plus de 3 hectares de terres ouvertes, il est obligatoire d’aménager au moins 4 cultures chaque année. Mais il ne suffit pas de semer 1m2 de blé pour que cela compte comme 1 culture. Chaque culture doit représenter au minimum 10% de la surfaces assolées, tout en ne dépassant pas la part maximale autorisée. Par exemple, le maïs ne peut pas représenter plus de 40% de notre surface, 15% pour les pois, 33% colza + tournesol et 66% pour les céréales (sauf maïs, avoine, millet, sorgho et riz).
Petite particularité avec les prairies temporaires (surtout pour les régions d’altitude où il est difficile de cultiver autre chose que de l’herbe), elles peuvent compter jusqu’à 3 cultures selon le pourcentage de part dans les terres assolées.
Nous cultivons entre 5 et 6 cultures. Comme aucune de nos surfaces n’est de taille identique, chaque année quand nous réalisons notre plan de culture pour savoir qu’est-ce qu’on va semer/planter sur quelle parcelle, nous devons calculer ces pourcentages, quitte à diviser des parcelles pour respecter le minimum de 10% et la part maximale de chaque culture.
Le but de l’assolement et du nombre de culture est de « maintenir la fertilité du sol et un bon état sanitaire des plantes en prévenant l’apparition des ravageurs et des maladies », mais aussi de préserver la diversité paysagère. Pour cela, entendre parler de monoculture en Suisse, fait en général sourire les agriculteurs.

Question 3: Que comprenez-vous lorsqu’on parle de protection du sol sur terres ouvertes?
Réponse: L’objectif de ce chapitre des règles PER est de: « Maintenir la structure et la fertilité du sol. D’assurer une couverture optimale du sol et d’éviter l’érosion du sol et les pertes d’éléments nutritifs et de produits phytosanitaires ».
Concrètement, si nous récoltons avant le 31 août, nous n’avons pas le droit de laisser le sol nu jusqu’à l’année suivante. Nous devons, semer l’année en cours une culture d’automne ou une culture dérobée ou un engrais vert. Contre l’érosion, nous devons avoir de bonnes pratiques agricoles (travailler correctement le sol) et si nous constatons des pertes importantes, alors nous devons mettre en place un plan de mesures, reconnu par le service cantonal et ce pendant au moins 6 ans.

Question 4: Concernant la fumure, peut-on mettre autant d’engrais qu’on le souhaite?
Réponse: Non. Dans les règles PER il y a l’exigence de remplir son Suisse-Bilanz qui calcul notre quantité d’azote et de phosphore, par rapport aux besoins de nos cultures, si on a des animaux ou non… Les apports d’azote et de phosphore ne doivent pas, chacun, dépasser les besoins de plus de 10%. Lorsqu’on parle de fumure, cela comporte les engrais de ferme (fumier, purin, lisier) et les engrais du commerce. Les engrais de ferme sont calculés par rapport au type et au nombre d’animaux que l’on a durant l’année (et donc des déjections qu’ils produisent), ce qui nous permet de savoir à combien d’engrais du commerce on a le droit d’acheter pour nourrir nos plantes. Ce qui ne signifie pas que nous achetons forcément le maximum.
Ce chapitre « Fumure » des règles PER a pour objectif: « D’assurer un bilan de fumure équilibré pour l’ensemble de l’exploitation, de maintenir la fertilité du sol, de fournir des produits de haute qualité avec un rendement optimal, de réduire au minimum les pertes d’éléments nutritifs dans l’environnement et d’assurer des cycles d’éléments nutritifs aussi fermés que possible ».

 

Question 5: Sujet important et à la fois sensible: la protection phytosanitaire. Que disent les règles PER à ce sujet?
Réponse: Elles stipulent notamment que l’application des produits phytosanitaires est interdite entre le 1er novembre et le 15 février, quel traitement peut être effectué avec quel type de produit et à quel stade de la plante. Chaque agriculteur doit rincer son pulvérisateur au champs, il doit le faire contrôler au moins tous les 4 ans par un organisme agréé. Le respect de la protection des eaux est primordial, notamment ce qui peut ou ne pas être fait en zone S1, S2 et S3 (d’ailleurs, savez-vous si votre maison ou jardin est dans une de ces zones et donc si vos pratiques sont adaptées?).
Mais encore ne pas traiter lorsqu’il y a du vent, qu’il fait trop chaud, que c’est trop humide… En tant que particulier aussi vous devez respecter la protection des eaux, savez-vous si vous avez le droit de nettoyer avec un produit (eau de javel, déhserbant) votre toît, façade, balcon ou vos pavés? Souvez, les particultiers ignorent ces règles et les pratiques sont pas toujours bonnes.
Ajoutons, et c’est aussi valable pour le point fumure, les règles SPB précisent que des bandes herbeuses d’une largeur minimale de 0.5m doivent être maintenues le long des chemins, de minimum 3m de large le long des forêts, haies, bosquets et berges boisées et la bordure tampon est d’une largeur minimale de 6m le long des cours et plans d’eau. Aucune fumure ni aucun produit phytosanitaire ne peut y être utilisé.